Les espèces sauvages protégés sont de plus en plus désemparés dans leurs habitats naturels du fait de l’augmentation du braconnage en Afrique de l’Ouest. L’un des plus braconnés reste le pan troglodytes, plus connu sous le nom de chimpanzé. Il est un animal sauvage pesant 40 à 60 kg. L’ONU estime que 3000 animaux (chimpanzés, orangs-outans, et gorilles) disparaissent chaque année dont la moitié des chiffres concerne l’espèce chimpanzé.
Un vaste trafic de bébés chimpanzé devenu de plus en plus dangereux pour la survie de l’espèce !
Tuer l’espèce chimpanzé par la racine, tels sont les objectifs malheureux des trafiquants sur l’animal car généralement, c’est le bébé chimpanzé qui est recherché par les criminels fauniques. Pour un bébé chimpanzé capturé, au moins 10 chimpanzés seniors sont abattus d’autant plus qu’ils vivent en groupe tout en protégeant leurs bébés. Donc pour avoir accès à un bébé, tout le groupe est éliminé. Mais si l’animal fait l’objet d’un trafic grandissant, c’est à cause de la forte demande en animaux domestiques. Ils sont capturés en vue d’être vendus à de richissimes demandeurs provenant d’Asie du sud-est, du golfe persique, de la Chine, ou encore de l’Europe ou des Etats-Unis. Il ne reste qu’entre 18 000 et 65 000 chimpanzés d’Afrique de l’Ouest, d’après les estimations des organisations de défense des grands singes. On les trouve en grand nombre plus particulièrement dans les forêts des pays voisins de la Côte d’Ivoire tel la Guinée Conakry, et le Libéria. Il y a 29 ans, la Côte d’Ivoire comptait entre 8000 et 12000 chimpanzés, leur nombre ne doit guère avoisiner le millier d’individus aujourd’hui. Selon les derniers chiffres officiels publiés dans la revue Current Biology datée d’Octobre 2008 se basant sur un recensement des nids de chimpanzés entre juillet à décembre l’année précédente ; 1000 était alors le nombre de chimpanzés dans les parcs nationaux dont le seul Taï comptabilisait près de 500 individus. Et ça, c’était-il ya presque 10 ans. Combien en reste-t-il aujourd’hui ?
Plus prisés par les passeurs d’animaux car son trafic étant lucratif, le bébé chimpanzé, devient ainsi la proie facile des réseaux criminels, qui opèrent par le biais de chaînes complexes d’intermédiaires (ils les transportent dans des cages en bois, des frigo nettes, des caisses, le tout à bord de camions transfrontaliers). La corruption à travers la procuration de faux permis d’exportation n’aide pas également. Des journalistes d’investigations de la BBC ont pu se procurer de faux permis d’exportation de chimpanzé contre la somme de 4000 dollars l’unité ; soit 2.000.000 Fcfa en décembre 2016 à Abidjan lors d’une enquête-reportage sur le trafic du chimpanzé. Les trafiquants pillent le patrimoine et les ressourcesnaturelles du pays, compromettant ainsi la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement,et la transition vers des économies vertes.
Comment freiner le trafic de chimpanzés ?
‘’Il faut d’abord empêcher les gens d’acheter les chimpanzés’’ a affirmé Sarah Crawford, Directrice de Akatia, une autre ONG spécialisée dans la conservation du chimpanzé en Côte d’Ivoire. Avant d’ajouter « Il faut qu’il soit toujours une amende pour toute personne trouvée avec un chimpanzé à la maison…Il faut également toujours poursuivre les trafiquants… ». Des poursuites dont les autorités ivoiriennes assistées d’EAGLE-Côte d’Ivoire sont en train d’intensifier actuellement. Dans la même veine de solutions, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) avait proposé certaines recommandations un rapport d’évaluation publié en 2013 car selon le PNUE, réussir la lutte contre le commerce illégal chimpanzés équivaut à enquêter d’une part sur les trafiquants et les acquéreurs internationaux de grands singes en raison de leur complicité dans le cadre d’activités de criminalité organisée transfrontalière. Et de d’autres part, améliorer la formation des officiers de polices, des agents des douanes et du corps judiciaire sur les problèmes liés au commerce illégal des grands singes, aux atteintes portées à l’environnement et au trafic d’espèces sauvages. Aussi, il s’agit d’intégrer des mesures de lutte contre la corruption dans les initiatives d’application de la loi tout en mettant en place de nouveaux permis CITES (Convention Internationale sur le Commerce des Espèces Sauvages en voie d’extinction) et réviser les systèmes de rapports pour lutter contre la contrefaçon et la falsification, et lutter contre le commerce en mettant l’accent sur la législation et les sanctions dissuasives.
Le commerce illégal des espèces protégées ne faiblit pas, conscient des dangers qui guettent la faune et la flore ivoirienne du fait de l’accroissement du trafic lié aux espèces sauvages, la Côte d’Ivoire entame sa révolution au niveau de la loi sur la faunique puisque l’actuelle loi N°65-255 du 4 août 1965 relative à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse, s’élève à seulement un an de prison. Les 8 et 9 août, le Ministère des Eaux et Forêts a initié un atelier national d’analyse et de validation des textes sur l’avant-projet de loi relative à la faune. Avec ses partenaires, ils se sont planchés sur la révision de la loi obsolète de ladite loi. Si le projet de loi est adopté, un trafiquant de chimpanzé pourrait par exemple désormais être puni d’une peine d’emprisonnement allant de 10 à 20 ans et d’une amende de 10.000.000 à 100.000.000 francs CFA ou de l’une de deux peines, sans préjudice des dommages et intérêts, enfreint les dispositions de la présente loi et de ses textes d’application, concernant une espèce inscrite à l’annexe 1. Des peines qui correspondraient mieux à la hauteur des crimes fauniques selon les organisations de défenses des espèces protégées. Elles espèrent de cette nouvelle loi, un moyen efficace pour réduire considérablement le trafic illégal des espèces protégées et par la même occasion mettre en mauvaise posture les trafiquants, mais surtout sauver le peu d’espèces protégées dont le pays regorge. Les chimpanzés d’Afrique de l’Ouest sont parmi les plus menacés parmi la famille des grands singes. Et depuis 2016, ils sont classés en danger critique d’extinction par la CITES.